Pendant le confinement et cette nouvelle période que nous vivons désormais, Pulse Addict est allé à la rencontre de différents acteurs de la musique électronique. Qu’ils soient musiciens, bookeurs, exploitants ou directeurs artistique, nous avons échangé autour d’une thématique : la fête de demain.
Premier portait de la série avec Fakear, cet auteur/compositeur originaire de Caen. Un Normand qui vous veut du bien en vous invitant à voyager avec lui, dans un univers poétique et électronique aux mélodies rythmées…
PULSE ADDICT : « COMMENT ES TU SOUTENU EN TANT QU’ARTISTE ? »
FAKEAR : « En vrai, je ne me suis pas trop renseigné. J’avoue que je profite un peu de cette situation qui privilégie légèrement certains musiciens. J’ai de quoi vivre dans les cas de coups durs comme ça ! Je ne suis pas hyper attentif à ce que le gouvernement a mis en place pour les artistes puis ça a à l’air complètement bancal au fond. Après au niveau des labels, etc., je suis hyper sollicité pour créer du contenu. Mais pour ce qui est des tournées, je crains que l’année prochaine soit hyper bouchonnée… »
P A : « COMMENT AS-TU AIDÉ LES STRUCTURES QUI DEVAIENT T’ACCUEILLIR ? »
FAKEAR : « Toutes les dates ont été reportées. Du coup, il y a un délire où les billets sont valables pour les concerts d’après. Mais on est un peu dans un process où on sait pas quand les concerts de plus 1 000 personnes vont pourvoir reprendre. Tous les artistes posent des options pour des salles, mais le problème c’est que parfois il y a trois ou quatre artistes programmés le même jour. Pour ma part, j’ai confirmé ma tournée d’octobre en France. Sans être certain qu’elle puisse se tenir mais de cette façon, les gérants des salles peuvent gérer leur calendrier. Ça évitera la foire où tout le monde se brusque pour avoir une date. On confirme maintenant quitte à reporter de nouveau. Ça apporte un peu de visibilité. Enfin je pense que ça fonctionne comme ça dans la tête d’un programmateur. »
P A : « QUELS SONT TES PROJETS PENDANT CE PROCESSUS DE DÉCONFINEMENT ? »
FAKEAR : « Réussir ce déconfinement sans faire de burn-out ! C’est hyper violent. Comme le confinement l’a été… Toute la campagne autour de mon nouvel album a été avancé. J’ai pu prendre le temps de me filmer, créer du contenu en étant chez moi, c’était hyper confortable. La vie reprend petit à petit et ça nous laisse moins de temps. Le gros défi est de réussir à appliquer tout ce que l’on a mis en place pendant ce confinement niveau personnel et niveau santé. On a jamais été en meilleure santé que pendant ce confinement finalement ! »
P A : « QUELLE EST LA PREMIÈRE CHOSE QUE TU AS FAIT AU LENDEMAIN DU CONFINEMENT ? «
FAKEAR : « Fêter mon anniversaire avec mes potes ! C’est ce qui m’a manqué le plus… discuter avec des gens en face-à-face. C’est hyper marrant en fait. Tu as été face à toi même pendant deux mois et là tu reparles à des gens différents quoi. »
P A : « COMMENT IMAGINES-TU L’ÉVÉNEMENTIEL AVEC LES GESTES BARRIÈRE ? »
FAKEAR : « J’imagine que ça va être compliqué pour l’événementiel… J’ai vu qu’au Danemark, certaines structures ont mis en place des Live CARS. J’ai dû mal à imaginer un pogo en bagnole.
La teuf dans la culture occidentale, c’est vraiment un endroit où tu lâches prise, tu perds totalement le contrôle. Tu oublies toutes ses barrières de sécurité… Tu mets tout par terre et c’est trop cool d’être sale pendant une semaine. J’imagine que ça va reprendre au moment où l’on pourra être à nouveau sale ! »
P A : « IL SE DIT QUE TU PRÉPARES UN NOUVEL ALBUM OÙ TU MARQUES UNE RUPTURE AVEC UN CYCLE DE TA VIE. PEUX-TU NOUS LE PRÉSENTER ? «
FAKEAR : « Cet album sort le 26 juin prochain, il s’appelle Everything Will Grow Again . C’est un peu différent de ce que j’ai pu faire. Ça a été un long process pour arriver à ces morceaux-là. Ce style « d’electro chill » dans lequel j’étais, s’est complètement fait teinter par l’EDM.
Pour moi le chill, c’était les premiers albums de Bonobo. Partant de ce constat-là, je me suis dit qu’il fallait prendre le taureau par les cornes puis tout recommencer. Afin de parvenir à un truc qui me ressemble vraiment, en osant balancer les restes à la poubelle. Techniquement, j’ai changé tout ce que j’avais mis en place depuis le début pour atteindre ce que je voulais, quelque chose de plus pointu. Carrie, mon premier morceau qui est sorti, fait assez bien le pont. »
P A : « QUEL MESSAGE SOUHAITES-TU TRANSMETTRE AVEC CE NOUVEL ALBUM ? »
FAKEAR : « Les morceaux communiquent pas mal d’émotions mais c’est assez peu défini. Pour le moment c’est complètement le bordel.
Le titre Everything Will grow again est un cri d’espoir, avec cette idée que quoi qu’il advienne tout repoussera de nouveau. Mais ça me plaît de laisser une interprétation libre à chacun de mes morceaux. Avec quand même un titre très fort qui semble montrer une direction. »
Constance Chevrère & Felix Meunier.
Crédit photo : Juliette Leigniel.
(Les restrictions de déplacement ne nous le permettant pas, cette entrevue a été réalisée par téléphone)